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Saint-Grégoire
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Saint-Grégoire hier et aujourd'hui

 

Autour de notre village, des panneaux bleus sont plantés. Et voilà que nos chemins, ces anonymes dont on disait ... vous savez bien, la route de derrière... ou bien... le petit chemin devant chez X... eh bien, maintenant, c'est fini, chemins et routes auront un nom ! Un nom de baptême pour que nos chemins se prennent pour des rues !

ARRETONS-NOUS DANS LA VALLEE DU LEZERT : Aux temps anciens, ce fut près du ruisseau, autour du château des chevaliers Pierre et Bertrand Vassal, « le Castellas » aujourd'hui en ruines, que s'accrochait la Bastide Vassal dont il ne reste que la tour et le moulin. En effet, en 1360, les anglais prirent d'assaut le château et s'installèrent sur le plateau à CUSSAC et PEROLS et La Bastide Vassal fut détruite en 1430. Vers 1439, l'édification d'une église portant le nom de Saint-Grégoire serait à l'origine de notre commune.

 

ENTRONS DONC DANS NOTRE VILLAGE  (PHOTO DU PLAN DU VILLAGE)

Venant d'Arthès, la RUE DE l'OCCITANIEnous mène au centre du village, PLACE J.M ROUSSEL. Une plaque commémorative apposée sur le monument aux Morts rappelle : « En cette commune, est né Jean-Marie Roussel, capitaine d'infanterie coloniale le plus jeune de France, tombé glorieusement au Tonkin en l947. »

L'église fut agrandie à partir de 1830 et son clocher surélevé. Dépouillée de sa cloche pendant la Révolution, comme la plupart des églises, elle en récupéra une durant l'Empire. Notre village avait son sonneur de cloches qui faisait aussi le fossoyeur : « Riquet » partait en vélo et travaillait au Saut Du Tarn. « Le Pessarat », Eloi Anglès lui succéda . A midi, le soir, pour l'appel à la messe, les cérémonies et le glas, la cloche carillonnait, et rythmait la vie des habitants. Puis la cloche eut son mécanisme grâce au don de la famille Cammas de Rudelle.

 

A côté de l'église, sur la place, le café de MarissouA (aujourd'hui détruit) jouxtait le presbytère. Tout le village se souvient avec émotion de « Marissou », une petite dame avec son fichu, toujours vêtue de noir qui vivait seule et faisait réchauffer les gamelles des écoliers éloignés. Tous les enfants auraient voulu manger chez Marissou pour jouer après le repas tous ensemble, à la maîtresse, auprès de son cabanon. Surtout, Marissou avait un phonographe, une merveille qui ravissait les petits. Tandis qu'elle réchauffait ses pieds sur son petit poêle, les enfants la pressaient de mettre en marche le précieux phonographe mais elle les enjoignait de parler plus bas... si Monsieur le Curé entendait... (Le dit Curé l'aurait vertement critiquée à coup sûr en pleine chaire.) Chez Marissou, c'était là que les dames se retrouvaient, cousaient, tricotaient... On buvait un café, on discutait et puis le dimanche, la jeunesse dansait grâce au merveilleux phonographe, pardi !

 

Au presbytère B donc, vivait l'Abbé Rieunaud. De belle stature, il impressionnait ses ouailles qui n'avaient qu'à bien se tenir. Voyait-il une jeune fille en pantalon, un monsieur en short, Monsieur le Curé s'insurgeait. Lorsque sa bonne trop âgée le quitta, chaque jour, l'épouse du forgeron, Maria lui porta son repas dans une sorte de profonde gamelle à tiroirs tandis que, le dimanche, Elia, l'épouse du « Marchand », lui préparait sa mayonnaise. En ce temps-là, le curé allait bénir les fermes, les enfants de chœur portaient l'eau bénite et la grande croix. On raconte que les enfants voyant un cerisier se sauvèrent, abandonnant la cérémonie ; la dite croix servit à tirer les branches pour la cueillette des cerises et que l'eau bénite fut renversée.

L'Abbé Chamayou lui succéda. Il vivait avec sa maman qu'on appelait « Bonne Maman ». Le café de Marissou n'existant plus, c'est au presbytère, « chez Bonne Maman » que les dames se retrouvaient pour boire le café, discuter, broder ou tricoter. L'Abbé Chamayou était un homme paisible et cultivé. Il aimait la pêche, amenant volontiers les enfants avec lui. Se passionnant pour l'histoire ( notamment la civilisation chinoise), il fit un voyage en Chine.

 

Lorsque Madame Chamayou décéda, les dames se réunirent chez Andrée Pascalis. Assise au jour de sa croisée, tout en guettant les enfants de l'école (elle qui n'en avait pas), Andrée crochetait. Elle réalisait de grands ouvrages en coton blanc ou écru, des dessus de lits, des chemins de table. Elle avait brodé une nappe pour l'autel de l'église qu'elle fleurissait régulièrement. Ses parents avec leurs 3 enfants (Jules, Sylvie et Andrée) tenaient avant-guerre une boulangerie C.C'est au moulin de la Bastide Vassals que l'on faisait la farine, un moulin qui ne fonctionnait qu'à la saison des pluies à cause du débit insuffisant du Lézert.

Il y avait aussi une meule tournant verticalement sur son socle horizontal qui écrasait les noix pour fabriquer de l'huile. Le moulin aurait été utilisé jusqu'à la dernière guerre.

 

La forge D :A côté de cette boulangerie, il y avait le forgeron, c'était un personnage important dans la commune. Solide, grand et costaud, Elie Vergnes avait beaucoup de travail. De bon matin, on entendait résonner ses coups de marteau. Il réparait le matériel agricole, socs de charrues, dents de herses, de faucheuses... On venait chez lui pour ferrer les chevaux et les bœufs. Sa femme Maria qui l'aidait pour tenir les chevaux, était toute petite. Son fils Gervais lui succéda. Face à la forge, il y avait une pompe à essence et une pompe à gas-oil.

 

En face, se trouvent la mairie et les écoles E, F . Dans les années 1870, alors que l'école publique de garçons était encore à Pérols, les Dominicaines des Prédicadous recevaient des jeunes filles de Saint-Grégoire et leur faisaient classe.

En 1882, lorsque l'école publique de Saint Grégoire fut ouverte dans les nouveaux locaux, sur un terrain de 223 mètres carrés, l'école des garçons fut tenue par un instituteur laïque et celle des filles par deux religieuses de l'ordre de Saint Dominique. Après la loi de 1901, elles se retirèrent dans leur couvent à Gramont (Aveyron). L’école comprenait deux postes offerts, en principe, à un couple et l'instituteur était chargé du secrétariat de mairie.

 

CHEMIN DE L'ANCIENNE ECOLE :

Chez Lucette Anglès, dans une dépendance de la maison, se trouvait l'école des filles G tenue par les religieuses.

 

RUELLE DU CAFE

Cette ruelle se trouve derrière l'église, il y eut successivement deux cafés.

Années 1800, « Chez le Marchand » H , les parents de René Lacroux tenaient un café-épicerie, vendaient quelques produits les plus courants de l'époque, sel, sucre, café, épices, huile peut-être...

 

Années 1900, « Chez Sidonie » : Sidonie Palazy était une grande dame vêtue de noir, très énergique. Orpheline de mère à 10 ans et veuve à 30 ans avec deux enfants en bas âge, Sidonie tint café-tabac I jusqu'en 1973 ainsi que la cabine de téléphone public. Elle livrait les télégrammes à domicile jusqu'au bord du Tarn. Elle se déplaçait à vélo. Sidonie fut des premières à posséder un poste de télévision et les jeunes se pressaient chez elle pour la voir.

Son papa M.Doat était cordonnier-sabotier J .

 

ROUTE DE PEROLS :

Quand l'épicerie « Du Marchand » ferma, l'épicerie K « La Cabotte » ouvrit la sienne. Quand on revenait de la messe, on passait chez La Cabotte pour faire ses courses. La Cabotte était dure d'oreille, mais elle distribuait gentiment quelques gourmandises aux enfants (chocolats, sucettes...) Elle aurait eu la télévision avant Sidonie. Elle travailla jusqu'à l'après-guerre.

 

RUELLE DE L'EPICERIE :

Derrière le presbytère, l'épicerie L de Yvonne et André Cabot ouvrit ses portes, succédant, plusieurs années après, à « La Cabotte ». Monsieur Cabot avait un fourgon et parcourait la campagne pour la vente de ses produits. Yvonne tenait le magasin épicerie puis le tabac quand mourut Sidonie. A la sortie de la messe les gens venaient. Derrière sa balance automatique, Yvonne faisait ses calculs à la main. La sonnette du magasin retentissait à toute heure mais Yvonne accueillait ses clients avec le sourire et une oreille attentive. A cette époque l'épicerie était bien achalandée autant en produits ménagers qu'en légumes et fruits frais... Elle faisait aussi dépôt du gaz.

L'épicerie fonctionna jusqu'en 1998.

 

PLACETTE DU CAFE :

Derrière l'église, la placette voyait épisodiquement s'installer des vendeurs ambulants, rempailleurs de chaises dénommés « gitanes », (D'autres affirment que c'étaient des Italiens logés et nourris dans les familles.)

 

A travers le village, Le chiffonnier, « le Peilharot » passait chaque année pour récupérer des peaux qu'on avait mises à sécher et remplies de paille. Il sonnait avec sa trompe et criait « Peaux de lièvre ! peaux de lapins ! » N'oublions pas « Le Caïfa » avec son âne tirant un petit chariot, petit marchand ambulant très apprécié au village pour la variété de ses articles.

 

( Témoignages de mesdames Odette Anglès, Lucette Galy, Mireille Massol, Francine Ribardière, Ginette Favarel)

( Documents : «  Autour du Puy Saint-Georges » d'Albert Besombes et Archives départementales)

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